Mariage d'amour
Amour, amour, amour!... Comme cette parole
Parfume notre lèvre, et qu'elle a de douceur!
Il semble que l'on hume, au bord de sa corolle,
Le baiser et l'haleine et l'âme d'une fleur...
Mariage ! mot saint, mot auguste et suave!...
L'ignorance finit, on commence à savoir
Que, même au gai matin, la vie est déjà grave:
L'époux a son labeur, l'épouse a son devoir.
Mariage d'amour! ô la divine chose!...
Paix aux foyers heureux que l'Amour a construits!
Paix aux jeunes jardins où veille un Ange rose!
Beaux Édens retrouvés, remplissez-vous de fruits!...
Fleurettes sauvages
Vaudreuil. - En me promenant dans la
campagne, en septembre.
En août, durant des lieues
J'ai, je pense, frayé
Ce sentier égayé
Alors d'étoiles bleues.
Je les revois toujours
Les fleurs aux douces teintes.
Elles se sont éteintes
En les derniers beaux jours.
L'air était vif d'abeilles,
Dont les vols argentins
Passaient sur les jardins
Formés de cent corbeilles:
Fleurs venant du Pérou,
Et fleurs orientales
Aux fastueux pétales,
Et fleurs j'ignore d'où.
Alors que d'oiseaux-mouches,
Heurtant des papillons
Les dansants tourbillons!
Que de frelons farouches!
Mais, j'en fus bientôt sûr,
Abeille, aux étrangères,
Abeille, tu préfères
Les fleurettes d'azur...
Dans mon sentier superbe
Je croyais voir un peu
De ciel, ardemment bleu,
Émietté parmi l'herbe.
S'il faisait quelque vent,
Ah! les haleines molles
Qu'exhalaient les corolles,
Comme un souffle vivant.
Léger souffle, caresse
Céleste, sans peser!
Impalpable baiser
Du parfum! Pure ivresse!...
Pourtant pas une main
Dans les fêtes ne cueille,
Ou sous des pleurs n'effeuille
L'étoile du chemin.
On dirait que voltige
Une âme en cette fleur
Qui reste sans couleur
Dès qu'on l'ôte à sa tige.
Las! jamais la Beauté
À son sein ne la pose...
N'a-t-elle pas la rose
Pour cette volupté