Ajouts à l'édition de 1906
Les deux poèmes qui suivent ont paru dans le premier
tome du Foyer canadien, en 1863.
Assis sur l'herbe
L 'enfant paraît
la grave causerie
S'arrête en souriant.
VICTOR HUGO.
Votre mère songeait; nous causions auprès d'elle
De l'été, du ciel pur, du couchant orangé,
Et, loin de vos regards, la nuit jalouse et belle
Repoussait doucement le soleil affligé;
Quand Lise, blonde tête, enfant dont l'air étonne,
À mi-voix murmura : « Je voudrais bien mourir! »
Sa mère, qu'un beau rêve à l'instant abandonne,
L'interroge d'un oeil où les pleurs vont courir.
« Je voudrais bien mourir!... On a deux blanches ailes
« Comme Elle, ma colombe, et grandes comme soi;
« On vole tout partout; avec les hirondelles
« Au bord du lac on joue, et j'aime à jouer, moi !
« Puis on monte bien haut, bien haut... jusqu'aux étoiles,
« Où l'on voit Dieu, Marie et Jésus triomphants.
« Sur des harpes on chante; on a des fleurs, des voiles...
« Dis, le ciel n'est-il pas plein de petits enfants?... »
Votre mère écoutait toutes ces folles choses.
« Assez, ma Lise, assez! » disait-elle souvent;
Et les ris voltigeaient sur nos lèvres écloses.
Ce soir-là s'est enfui plus vite que le vent.