III
Sans faire la moindre objection, Angéla s'assit, m'entourant de ses bras comme
d'une écharpe blanche, cachant sa tête dans mon sein pour se réchauffer un peu,
car elle était devenue froide comme un marbre.
Je ne sais pas combien de temps nous restâmes dans cette position, car tous mes
sens étaient absorbés dans la contemplation de cette mystérieuse et fantastique
créature.
Je n'avais plus aucune idée de l'heure ni du lieu; le monde réel n'existait plus
pour moi, et tous les liens qui m'y attachent étaient rompus; mon âme, dégagée
de sa prison de boue, nageait dans le vague et l'infini; je comprenais ce que
nul homme ne peut comprendre, les pensées d'Angéla se révélant à moi sans
qu'elle eût besoin de parler; car son âme brillait dans son corps comme une
lampe d'albâtre, et les rayons partis de sa poitrine perçaient la mienne de part
en part.