IV
Lorsque je repris connaissance, j'étais dans mon lit; Arrigo Cohic et Pedrino
Borgnioli se tenaient debout à mon chevet.
Aussitôt que j'eus ouvert les yeux, Arrigo s'écria:
- Ah! ce n'est pas dommage! voilà bientôt une heure que je te frotte les temps
d'eau de Cologne. Que diable as-tu fait cette nuit? Ce matin, voyant que tu ne
descendais pas, je suis entré dans ta chambre, et je t'ai trouvé tout du long
étendu par terre, en habit à la française, serrant dans tes bras un morceau de
porcelaine brisée, comme si c'eût été une jeune et jolie fille.
- Pardieu! c'est l'habit de noce de mon grand-père, dit l'autre en soulevant une
des basques de soie fond rose à ramages verts. Voilà les boutons de strass et de
filigrane qu'il nous vantait tant. Théodore l'aura trouvé dans quelque coin et
l'aura mis pour s'amuser. Mais à propos de quoi t'es-tu trouvé mal? ajouta
Borgnioli. Cela est bon pour une petite maîtresse qui a des épaules blanches; on
la délace, on lui ôte ses colliers, son écharpe, et c'est une belle occasion de
faire des minauderies.