IV
Elle se tait. Sa voix, comme les cris funèbres
Que poussent dans la nuit les oiseaux des ténèbres,
Vu d’échos en échos mourir dans la forêt;
Son oeil sombre, où s’allume une clarté féroce,
A semblé refléter quelque pensée atroce,
Quelque épouvantable projet!
Un sourire infernal se crispe sur sa bouche;
Son sourcil se contracte, et son regard farouche
Lance au ciel un éclair amer et triomphant;
Sa main s’arme soudain d’une lame acérée;
Et le large manteau dont elle est entourée
S’entr’ouvre et nous montre un enfant!
Un tout petit enfant doux et blond comme un ange...
Inconscient acteur de cette scène étrange,
Il ouvre en souriant son oeil de séraphin;
Sa blancheur, sou regard pur comme l’innocence,
Ses riches vêtements, tout trahit sa naissance:
C’est le fils du seigneur voisin!
Sous les épais rideaux d’une alcôve fermée,
Il dormait; et, planant sur sa couche embaumée,
L’essaim des rêves d’or baisait son front si beau;
Quand, nourrissant déjà son projet de vengeance,
L’Iroquoise au manoir se glissait en silence,
Et l’arrachait à son berceau.
Pauvre mère, tu dors; et tandis que les songes,
Bercent ton coeur aimant de leurs riants mensonges,
Le malheur sur ton front pose sa lourde main;
Peut-être crois-tu voir un ange au doux sourire,
Qui presse dans ses bras ton enfant qui soupire;
Quel sera ton réveil demain!...