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 Joachim Du Bellay (1522-1560) Livre Deuxième. Chapitre IV

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James
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James


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MessageSujet: Joachim Du Bellay (1522-1560) Livre Deuxième. Chapitre IV   Joachim Du Bellay (1522-1560)  Livre Deuxième. Chapitre IV Icon_minitimeDim 16 Déc - 13:17

Chapitre IV. Quels genres de poèmes doit élire le poète français.
Lis donc, et relis premièrement, ô poète futur, feuillette de main nocturne et
journelle les exemplaires grecs et latins, puis me laisse toutes ces vieilles
poésies françaises aux jeux Floraux de Toulouse et au Puy de Rouen; comme
rondeaux, ballades, virelais, chants royaux, chansons et autres telles
épiceries, qui corrompent le goût de notre langue et ne servent sinon à porter
témoignage de notre ignorance. Jette-toi à ces plaisants épigrammes, non point
comme font aujourd'hui un tas de faiseurs de contes nouveaux, qui en un dizain
sont contents n'avoir rien dit qui vaille aux neuf premiers vers, pourvu qu'au
dixième il y ait le petit mot pour rire; mais à l'imitation d'un Martial, ou de
quelque autre bien approuvé, si la lascivité ne te plaît, mêle le profitable
avec le doux. Distille, avec un style coulant et non scabreux, ces pitoyables
élégies, à l'exemple d'un Ovide, d'un Tibulle et d'un Properce, y entremêlant
quelquefois de ces fables anciennes, non petit ornement de poésie. Chante-moi
ces odes, inconnues encore de la Muse française, d'un luth bien accordé au son
de la lyre grecque et romaine, et qu'il n'y ait vers où n'apparaisse quelque
vestige de rare et antique érudition. Et quant à ce, te fourniront de matière
les louanges des dieux et des hommes vertueux, le discours fatal des choses
mondaines, la sollicitude des jeunes hommes, comme l'amour, les vins libres, et
toute bonne chère. Sur toutes choses, prends garde que ce genre de poème soit
éloigné du vulgaire, enrichi et illustré de mots propres et épithètes non
oiseuses, orné de graves sentences, et varié de toutes manières de couleurs et
ornements poétiques; non comme un Laissez la verde couleur, Amour avecques
Psyché, O combien est heureuse, et autres tels ouvrages, mieux dignes d'être
nommés chansons vulgaires, qu'odes ou vers lyriques. Quant aux épîtres, ce n'est
un poème qui puisse enrichir grandement notre vulgaire, pour ce qu'elles sont
volontiers de choses familières et domestiques, si tu ne les voulais faire à
l'imitation d'élégies, comme Ovide, ou sentencieuses et graves, comme Horace.
Autant te dis-je des satires, que les Français, je ne sais comment, ont appelées
coq-à-l'âne, en lesquels je te conseille aussi peu t'exercer comme je te veux
être aliéné de mal dire; si tu ne voulais, à l'exemple des anciens, en vers
héroïques (c'està-dire de dix à douze, et non seulement de huit à neuf) sous le
nom de satire, et non de cette inepte appellation de coq-à-l'âne, taxer
modestement les vices de ton temps, et pardonner au nom des personnes vicieuses.
Tu as pour ceci Horace, qui, selon Quintilien, tient le premier lieu entre les
satiriques. Sonne-moi ces beaux sonnets, non moins docte que plaisante invention
italienne, conforme de nom à l'ode, et différente d'elle seulement, pour ce que
le sonnet a certains vers réglés et limités et l'ode peut courir par toutes
manières de vers librement, voire en inventer à plaisir à l'exemple d'Horace,
qui a chanté en dix-neuf sortes de vers, comme disent les grammairiens. Pour le
sonnet donc tu as Pétrarque et quelques modernes italiens. Chante-moi d'une
musette bien résonnante et d'une flûte bien jointe ces plaisantes églogues
rustiques, à l'exemple de Théocrite et de Virgile ; marines, à l'exemple de
Sennazar, gentilhomme néapolitain. Que plût aux Muses, qu'en toutes les espèces
de poésies que j'ai nommées nous eussions beaucoup de telles imitations, qu'est
cette églogue sur la naissance du fils de monseigneur le Dauphin, à mon gré un
des meilleurs petits ouvrages que fit onc Marot. Adopte-moi aussi en la famille
française, ces coulants et mignards hendécasyllabes à l'exemple d'un Catulle,
d'un Pontan et d'un Second, ce que tu pourras faire, sinon en quantité, pour le
moins en nombre de syllabes. Quant aux comédies et tragédies, si les rois et les
républiques les voulaient restituer en leur ancienne dignité, qu'ont usurpée les
farces et moralités, je serais bien d'opinion que tu t'y employasses, et si tu
le veux faire pour l'ornement de ta langue, tu sais où tu en dois trouver les
archétypes.



_________________
J'adore les longs silences, je m'entends rêver...  
James

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