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| | Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:08 | |
| Rappel du premier message :
Gargantua , liv. 1, ch. XI.
- Kling, kling, kling! - Pas de réponse. - Est-ce qu'il n'y serait pas? dit la jeune fille.
Elle tira une seconde fois le cordon de la sonnette; aucun bruit ne se fit entendre dans l'appartement: il n'y avait personne.
- C'est étrange!
Elle se mordit la lèvre, une rougeur de dépit passa de sa joue à son front; elle se mit à descendre les escaliers un à un, bien lentement, comme à regret, retournant la tête pour voir si la porte fatale s'ouvrait. - Rien.
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:13 | |
| La nuit était si noire qu'il fut obligé de mettre son cheval au pas. A peine une étoile passait-elle çà et là le nez hors de sa mantille de nuages; les arbres de la route avaient l'air de grands spectres tendant les bras; de temps en temps un feu follet traversait le chemin, le vent ricanait dans les branches d'une façon singulière. L'heure s'avançait, et Onuphrius n'arrivait pas; cependant les fers de son cheval sonnant sur le pavé montraient qu'il ne s'était pas fourvoyé. |
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| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:13 | |
| Une rafale déchira le brouillard, la lune reparut; mais, au lieu d'être ronde, elle était ovale. Onuphrius, en la considérant plus attentivement, vit qu'elle avait un serre-tête de taffetas noir, et qu'elle s'étais mis de la farine sur les joues; ses traits se dessinèrent plus distinctement, et il reconnut, à n'en pouvoir douter, la figure blême et allongée de son ami intime Jean-Gaspard Deburau, le grand paillasse des Funambules, qui le regardait avec une expression indéfinissable de malice et de bonhomie. |
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| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:13 | |
| Le ciel clignait aussi ses yeux bleus aux cils d'or, comme s'il eût été d'intelligence; et, comme à la clarté des étoiles on pouvait distinguer les objets, il entrevit quatre personnages de mauvaise mine, habillés mi-partie rouge ert noir, qui portaient quelque chose de blanchâtre par les quatre coins, comme des gens qui changeraient un tapis de place; ils passèrent rapidement à côté de lui, et jetèrent ce qu'ils portaient sous les pieds de son cheval. Onuphrius, malgré sa frayeur, n'eut pas de peine à voir que c'était le chemin qu'il avait déjà parcouru, et que le Diable remettait devant lui pour lui faire pièce. Il piqua des deux; son cheval fit une ruade et refusa d'avancer autrement qu'au pas; les quatre démons continuèrent leur manège. |
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| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:13 | |
| Onuphrius vit que l'un d'eux avait au doigt un rubis pareil à celui du doigt qui l'avait si fort effrayé sur le damier: l'identité du personnage n'était plus douteuse. La terreur d'Onuphrius était si grande, qu'il ne sentait plus, qu'il ne voyait ni n'entendait; ses dents claquaient comme dans la fièvre, un rire convulsif tordait sa bouche. Une fois, il essaya de dire ses prières et de faire un signe de croix, il ne put en venir à bout. La nuit s'écoula ainsi. |
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| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:13 | |
| Enfin, une raie bleuâtre se dessina sur le bord du ciel: son cheval huma bruyamment par ses naseaux l'air balsamique du matin, le coq de la ferme voisine fit entendre sa voix grêle et éraillée, les fantômes disparurent, le cheval prit de lui-même le galop, et, au point du jour, Onuphrius se trouva devant la porte de son atelier.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:14 | |
| Harassé de fatigue, il se jeta sur un divan et ne tarda pas à s'endormir: son sommeil était agité; le cauchemar lui avait mis le genou sur l'estomac. Il fit une multitude de rêves incohérents, monstrueux, qui ne contribuèrent pas peu à déranger sa raison déjà ébranlée. En voici un qui l'avait frappé et qu'il m'a raconté plusieurs fois depuis. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:14 | |
| "J'étais dans une chambre qui n'était pas la mienne ni celle d'aucun de mes amis, une chambre où je n'étais jamais venu, et que cependant je connaissais parfaitement bien: les jalousies étaient fermées, les rideaux tirés; sur la table de nuit une pâle veilleuse jetait sa lueur agonisante. On ne marchait que sur la pointe du pied, le doigt sur la bouche; des fioles, des tasses encombraient la cheminée. Moi, j'étais au lit comme si j'eusse été malade, et pourtant je ne m'étais jamais mieux porté. Les personnes qui traversaient l'appartement avaient un air triste et affairé qui semblait extraordinaire.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:14 | |
| "Jacintha était à la tête de mon lit, qui tenait sa petite main sur mon front, et se penchait vers moi pour écouter si je respirais bien. De temps en temps une larme tombait de ses cils sur mes joues, et elle l'essuyait légèrement avec un baiser.
"Ses larmes me fendaient le coeur, et j'aurais bien voulu la consoler; mais il m'était impossible de faire le plus petit mouvement, ou d'articuler une seule syllabe: ma langue était clouée à mon palais, mon corps était comme pétrifié.
"Un monsieur vêtu de noir entra, me tâta le pouls, hocha la tête d'un air découragé, et dit tout haut: "C'est fini!" Alors Jacintha se prit à sangloter, à se tordre les mains, et à donner toutes les démonstrations de la plus violente douleur: tous ceux qui étaient dans la chambre en firent autant. Ce fut un concert de pleurs et de soupirs à apitoyer un roc.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:14 | |
| "J'éprouvais un secret plaisir d'être regretté ainsi. On me présenta une glace devant la bouche; je fis des efforts prodigieux pour la ternir de mon souffle, afin de montrer que je n'étais pas mort: je ne pus en venir à bout. Après cette épreuve on me jeta le drap par-dessus la tête; j'étais au désespoir, je voyais bien qu'on me croyait trépassé et que l'on allait m'enterrer tout vivant. Tout le monde sortit: il ne resta qu'un prêtre qui marmotta des prières et qui finit par s'endormir. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:14 | |
| "Le croque-mort vint qui me prit mesure d'une bière et d'un linceul; j'essayai encore de me remuer et de parler, ce fut inutile, un pouvoir invincible m'enchaînait: force me fut de me résigner. Je restai ainsi beaucoup de temps en proie aux plus douloureuses réflexions. Le croque-mort revint avec mes derniers vêtements, les derniers vêtements, les derniers de tout homme, la bière et le linceul: il n'y avait plus qu'à m'en accoutrer. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius Dim 28 Juil 2013 - 13:14 | |
| "Il m'entortilla dans le drap, et se mit à me coudre sans précaution comme quelqu'un qui a hâte d'en finir: la pointe de son aiguille m'entrait dans la peau, et me faisait des milliers de piqûres; ma situation était insupportable. Quand ce fut fait, un de ses camarades me prit par les pieds, lui par la tête, ils me déposèrent dans la boîte; elle était un peu juste pour moi, de sorte qu'ils furent obligés de me donner de grands coups sur les genoux pour pouvoir enfoncer le couvercle. |
| | | | Théophile Gautier. (1811-1872) Onuphrius | |
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