PLUME DE POÉSIES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

PLUME DE POÉSIES

Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus.
 
AccueilPORTAILS'enregistrerDernières imagesConnexion
 

 Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Invité
Invité




Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Empty
MessageSujet: Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V   Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Juil - 15:11

Rappel du premier message :

V

Fantasia

Je regardai alors au plafond, et j'aperçus une foule de têtes sans corps comme
celles des chérubins, qui avaient des expressions si comiques, des physionomies
si joviales et si profondément heureuses, que je ne pouvais m'empêcher de
partager leur hilarité.

- Leurs yeux se plissaient, leurs bouches s'élargissaient, et leurs narines se
dilataient; c'étaient des grimaces à réjouir le spleen en personne. Ces masques
bouffons se mouvaient dans des zones tournant en sens inverse, ce qui produisait
un effet éblouissant et vertigineux.


Dernière édition par Nénuphar le Dim 28 Juil - 15:18, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas

AuteurMessage
Invité
Invité




Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V   Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Juil - 15:12

Daucus-Carota exécutait, tout en s'essuyant les yeux, des pirouettes et des
cabrioles inconcevables, surtout pour un homme qui avait des jambes en racine de
mandragore, et répétait d'un ton burlesquement piteux:

"C'est aujourd'hui qu'il faut mourir de rire!"

O vous qui avez admiré la sublime stupidité d'Odry, la niaiserie enrouée
d'Alcide Tousez, la bêtise pleine d'aplomb d'Arnal, les grimaces de macaque de
Ravel, et qui croyez savoir ce que c'est qu'un masque comique, si vous aviez
assisté à ce bal de Gustave évoqué par le hachich, vous conviendriez que les
farceurs les plus désopilants de nos petits théâtres sont bons à sculpter aux
angles d'un catafalque ou d'un tombeau!
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V   Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Juil - 15:13


Que de faces bizarrement convulsées! que d'yeux clignotants et pétillants de
sarcasmes sous leur membrane d'oiseau! quels rictus de tirelire! quelles bouches
en coups de hache! quels nez facétieusement dodécaèdres! quels abdomens gros de
moquerie pantagruéliques!

Comme à travers tout ce fourmillement de cauchemar sans angoisse se dessinaient
par éclairs des ressemblances soudaines et d'un effet irrésistible, des
caricatures à rendre jaloux Daumier et Gavarni, des fantaisies à faire pâmer
d'aise les merveilleux artistes chinois, les Phidias du poussah et du magot!
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V   Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Juil - 15:13

Toutes les visions n'étaient pas cependant monstrueuses ou burlesques; la grâce
se montrait aussi dans ce carnaval de formes: près de la cheminée, une petite
tête aux joues de pêche se roulait sur ses cheveux blonds, montrant dans un
interminable accès de gaieté trente-deux petites dents grosses comme des grains
de riz, et poussant un éclat de rire aigu, vibrant, argentin, prolongé, brodé de
trilles et de points d'orgues, qui me traversait le tympan, et, par un
magnétisme nerveux, me forçait à commettre une foule d'extravagances.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V   Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Juil - 15:13

La frénésie joyeuse était à son plus haut point; on n'entendait plus que des
soupirs convulsifs, des gloussements inarticulés. Le rire avait perdu son timbre
et tournait au grognement, le spasme succédait au plaisir; le refrain de Daucus-
Carota allait devenir vrai.

Déjà plusieurs hachichins anéantis avaient roulé à terre avec cette molle
lourdeur de l'ivresse qui rend les chutes peu dangereuses; des exclamations
telles que celles-ci: "- Mon Dieu, que je suis heureux! quelle félicité! je nage
dans l'extase! je suis en paradis! je plonge dans les abîmes de délices!" se
croisaient, se confondaient, se couvraient.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V   Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Juil - 15:13


Des cris rauques jaillissaient des poitrines oppressées; les bras se tendaient
éperdument vers quelque vision fugitive; les talons et les nuques tambourinaient
sur le plancher. Il était temps de jeter une goutte d'eau froide sur cette
vapeur brûlante, ou la chaudière eût éclaté.

L'enveloppe humaine, qui a si peu de force pour le plaisir, et qui en a tant
pour la douleur, n'aurait pu supporter une plus haute pression de bonheur.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V   Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Juil - 15:13

Un des membres du club, qui n'avait pas pris part à la voluptueuse intoxication
afin de surveiller la fantasia et d'empêcher de passer par les fenêtres ceux
d'entre nous qui se seraient cru des ailes, se leva, ouvrit la caisse du piano
et s'assit. Ses deux mains, tombant ensemble, s'enfoncèrent dans l'ivoire du
clavier, et un glorieux accord résonnant avec force fit taire toutes les rumeurs
et changea la direction de l'ivresse.
Revenir en haut Aller en bas
 
Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins V
Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2
 Sujets similaires
-
» Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins I
» Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins II
» Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins III
» Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins IV
» Théophile Gautier. (1811-1872) Le Club des hachichins VI

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
PLUME DE POÉSIES :: POÈTES & POÉSIES INTERNATIONALES :: POÈMES FRANCAIS-
Sauter vers: